top of page
  • Photo du rédacteurSakina Traoré

VII. Peur de l'abandon

Dernière mise à jour : 1 janv. 2022

  • Oh mon Dieu, Magui…


Cette fois, aucune d’entre nous ne tient. Je fonds en larmes et ma mère se déplace pour s’asseoir à mes côtés et me prendre dans ses bras. Elle me berce, doucement, comme j’aurais tant voulu qu’elle le fasse, à de si nombreuses occasions.


Quand je me calme enfin, après ce qui me semble être une éternité, elle me demande :


  • Comment est-il ?


  • Qui, Yacine ? Il est parfait. Parfait pour moi, je réponds avec un sourire


  • Vu ton sourire, je veux bien le croire


Je laisse mes pensées voyager vers lui un instant avant de reprendre la parole :


  • On s’est rencontrés à l’université. Il est plein de charme, intelligent, ambitieux, attentionné et patient. En vrai, je l’apprécie beaucoup pour toutes ces raisons mais je ne saurai dire pourquoi mon coeur l’a choisi lui particulièrement.


  • On dit toujours que le vrai amour ne s’explique pas alors tant mieux, j’ai envie de te dire


Je lui souris et n’ajoute rien. Ça me fait bizarre d’avoir un moment mère-fille après tellement d’années à en rêver. Mais là tout de suite, ressentir la chaleur de ma mère me fait tout reconsidérer.

Evidemment, il y a encore beaucoup de plaies à soigner ; en témoigne ma peur bleue de reproduire son erreur à ma cérémonie de mariage ce soir, mais c’est déjà un très grand pas que j’aie eu le courage de venir jusqu’ici pour trouver une solution.


  • Maguissi

  • Hum


Sa voix me tire encore une fois de ma torpeur…


  • Parle moi un peu de cette peur


  • Je… j’ai du mal à m’attacher aux gens maman. A cause de ce qui s’est passé, je me suis toujours dit que je n’avais pas grande valeur aux yeux des autres. Que si ma propre mère avait pu m’abandonner sans jamais regarder en arrière, alors n’importe qui le pourrait. Et depuis, il y a cette petite voix dans ma tête qui me dit que si je l’abandonne avant, Yacine ne pourra pas me blesser en le faisant un jour.


Quand je me tais enfin, je me rends compte que j’ai parlé d’un trait, sans reprendre mon souffle. Ma mère pose ses mains de part et d’autre de mon visage et le tourne doucement vers elle :


  • Je suis désolée de te le dire aussi durement mais c’est une incroyable insulte envers ton père que de dire ça. Envers toutes ces personnes qui t’ont un jour donné leur amour et je suis sûre qu’il y en a eu beaucoup. Mon erreur, mon acte, ne doivent pas te faire voir les choses seulement à travers la peur d’être abandonnée. Tu vaux tout l’or du monde, je n’étais juste pas dans les conditions pour t’aimer comme tu le méritais. Et surtout… surtout, tu n’es pas moi.


Je me remets à pleurer à chaudes larmes en entendant ces mots… toute la digue cède et je laisse ma peur s’exprimer librement. Je ne peux plus me retenir.


  • Toi tu sais tout ce que je ne savais pas et tu as tout ce que je n’avais pas. Des amis qui s’inquiètent pour toi, un fiancé qui veut passer le reste de ses jours à tes côtés… et si tu le veux même, une mère qui te saoulera de ses conseils.


  • Mais on ne sait jamais, maman. Il pourrait se réveiller un jour et décider qu’il ne m’aime plus et que…


  • Alors ce sera fini. Tu auras vécu une belle aventure avec lui, tu prendras le temps de te relever de la fin de celle-ci et d’en vivre d’autres encore plus belles. Mais la vie est faite de risques, chérie. Et n’oublie pas, avec des si on referait le monde, avec des mais, on passerait à côté de la vie.

58 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page