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  • Photo du rédacteurSakina Traoré

Tu disais

" Tu disais souvent que tu m'aimais... Chaque soir, tu t'endormais dans mes bras en me le répétant, inlassablement, jusqu'à ce que ta voix s'empreigne dans ma mémoire. Et chaque jour, quand j'enfouissais mes mains dans tes cheveux et mes lèvres dans le creux de ton cou, tu me le disais dans un souffle, inscrivant à jamais ton odeur dans mon coeur. Tu disais tout le temps que tu m'aimais... Quand je glissais mes doigts entre les tiens alors que nous nous baladions dans les rues désertes d'Abidjan. Quand mon corps s'emboîtait dans le tien après de longues journées à penser à toi, à rêver de toi, à m'abandonner à toi. Tu disais pourtant que tu m'aimais... Alors pourquoi, nom de Dieu, as-tu dit non ? Après toi, Aline, je ne saurais refaire confiance à l'amour. Après toi, mon amour, je ne saurais redonner sa chance à une autre. Après toi, mon autre, mon essentiel, je ne saurais espérer de lendemains meilleurs. Je tenais à ce que tu saches, malgré tout, malgré toi, que moi, je t'ai vraiment aimée. Avec mon cœur et ma raison. " Je referme la lettre et essuie la larme qui coule sur ma joue droite. Pendant que je reprends mon souffle, le doux vent autour de moi me caresse comme pour me consoler. " Il n'est pas trop tard, dis-lui tout ", je crois entendre. Alors je prends une grande inspiration et laisse tout sortir. Sans plus aucune peur de le blesser, de me tromper ou de nous trahir : Oui Yacine, je te disais souvent que je t'aimais... Je le disais alors que tu ne me voyais qu'à travers toi. Alors qu'à tes yeux, je n'existais pas si je n'étais pas à toi, si je n'étais pas petite-amie ou femme de Mr Cissé. Je le disais quand bien même je te voyais faire des plans d'avenir qui n'incluaient que ce que tu pensais être mes rêves et mes passions. Et à chaque fois que je le disais, je priais pour qu'un jour tu connaisses mon cœur et mes pensées aussi bien que tu connaissais mon corps et mes baisers. Oui, je te disais tout le temps que je t'aimais. Je te le disais pour cacher mon angoisse quand aux yeux du monde, tu ne te souvenais de moi que lorsque je toussotais pour attirer ton attention. Je te le disais pendant nos balades afin que tu te refrènes et garde tes yeux sur nos mains enlacées plutôt que sur les fessiers exhibés pour t'attiser. Je te disais que je t'aimais, parce que face à ton détachement, il me semblait que ce soit la seule chose qui me rappelait à toi. La seule chose que tu aimais entendre de moi. Oui, je disais que je t'aimais. Et pourtant, je suis partie. Pire, je ne t'ai pas dit oui. J'ai vu la bague et... Je me suis enfuie. Parce que j'ai réalisé qu'au-delà de l'amour que je te portais, il y avait celui que je me portais à moi-même. Celui qui m'a poussée à me rebeller contre l'option la plus facile et la plus destructrice. Celui qui m'a emmenée à me détacher de toi pour enfin me retrouver. Celui qui m'a libérée d'une vie avec toi. Une vie dans l'ombre de tout ce que tu es. Alors oui, je t'aimais. Mais au fond de toi Yacine, tu sais que l'amour ne suffit pas. Tu sais qu'il n'est rien face à l'incompatibilité. Tu sais qu'il n'a pas de valeur quand il garde prisonnier. Tu sais qu'il vaut mieux s'en débarrasser quand il va trop nous coûter. J'aurais peut-être dû t'en parler, ce jour-là quand tu t'es agenouillé. J'aurais peut-être dû trouver le courage, de dire toute la vérité quand je voyais encore ton visage. Aujourd'hui tu es parti bien plus loin que je ne l'aie jamais été. Moi, j'ai juste tourné les pieds pour quitter ta maison ; mais toi... toi, tu as carrément quitté mon monde, les pieds devant... Et c'est parce que je t'ai aimé, que je verse aujourd'hui des larmes brûlantes sur cette sépulture où à jamais, tu vas rester.



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