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  • Photo du rédacteurSakina Traoré

La voix du cœur : 7, 8 & 9


VII - Le soupçon


*Eli*


Le téléphone sonne pour la 6e fois et je commence à perdre espoir qu’elle réponde. En général, dès la première sonnerie, sa voix se fait entendre à l’autre bout du fil, mais aujourd’hui, il semblerait qu’elle ne soit pas près de son téléphone. Je m’apprête à couper l’appel quand elle décroche enfin.


● Eli ?

● Heeeeyy, j’ai cru que tu n’allais pas décrocher.

● Désolé, il y a une des gardes qui passait, j’ai dû patienter.


● Je comprends, pas de soucis !


● Alors ? Nouvelles ? Tu as l’air guilleret ce soir.


● Haha oui, c’est parce que j’ai une bonne nouvelle pour nous !


● Dis-moi tout.


● Tu vas sortir de prison, bébé !


● …


● Line, tu m’as entendu ?


● Oui… me répond-elle, des sanglots dans la voix. Oui, je t’ai entendu.


Je l’écoute pleurer pendant de longues minutes, la laissant se décharger de tout le stress, tout le désespoir et toutes les douleurs qu’elle a emmagasinés ces derniers mois.


● Merci, Eli.


● Tu me remercieras en personne vendredi !


● Vendredi ? Déjà ?


● Oui ! Je viendrai te chercher avec Kelvin.


● Wow… il a vraiment fait vite, je lui dois un cadeau.


● T’inquiète, il sera très grassement payé pour son travail.


● Merci encore Eli.


● Ne me redis plus ça, je l’ai fait parce que j’en avais aussi envie ! Parce que je voulais plus que tout te voir et te serrer dans mes bras.


● Eli…


● Je sais, je sais. Tu veux qu’on se voie avant de parler de tout ça.


● Exactement. Et euh… tu veux vraiment venir me récupérer avec Kelvin ? Tu ne préfères pas qu’on te retrouve quelque part après ?


● Ah non, je veux être là ! Sauf si… ça te dérange, bien sûr ?


● Ce n’est pas ça, c’est juste que… bref, laisse tomber. Viens, je serai ravie de te voir.


Je laisse tomber toutes les questions que son attitude éveille en moi. Je n’ai pas envie de plomber l’ambiance et je sais qu’on se verra dans un peu moins de 48 heures. On aura tout le temps d’en parler.


Tous les deux, on discute jusque tard dans la nuit et je la laisse aller se reposer quand l’horloge au-dessus de mon lit sonne les douze coups de minuit. Je passe une bonne partie de la nuit à rêvasser, à l’imaginer, à écrire le scénario de notre première rencontre dans ma tête…

********


Le même soir, Line.


● Penda !


J’interpelle mon amie alors qu’elle passe devant ma cellule.


● Liiiine, tu ne dors pas ? J’ai appris la nouvelle après que vous soyez retournées à vos cellules, je suis trop contente pour toi !


Elle chuchote du mieux qu’elle peut, mais la grosse voix qui lui sert à se faire respecter en tant que garde ne l’aide pas vraiment quand il s’agit de faire des messes-basses. Je rigole en lui répondant :


● Non, je ne dors pas. Eli vient de m’appeler. Je suis tellement heureuse !


● J’imagine ! Tu vas enfin retrouver ta vie et ta fille !


● Ma vie, ce n’est pas si sûr. Mais rien que de pouvoir voir ma fille, ça en vaut le coup.


● Et voir Eli ?


● Ça aussi… mais j’avoue que ça me fout les jetons.


● Pourquoi, tu n’es pas sûre de lui ?


● Si ! Oh, mon Dieu, si. Mais regarde-moi, Penda. Il ne va pas aimer ce qu’il va voir quand on se rencontrera.


● Chuuuut, je t’interdis de parler comme ça. Tu es belle, Line. Et ça, peu importe ce que tu as sur le visage.


● Tu dis ça parce que tu es fan de moi, lol.


● Imagine donc à quel point lui, il te trouvera belle. Ma chérie, avec tout ce que tu m’as dit de lui… il sera peut-être un peu étonné, mais tu verras, ça ira.


● Je ne sais pas… est-ce que tu… tu pourrais me trouver de quoi camoufler ça quand même ?


● Tu veux une cagoule ? elle me dit, un rire dans la voix.


● Tu es folle ! Mais non, du maquillage ! Et oui, de nouvelles fringues aussi s’il te plaît. Je ne veux pas qu’il me voie habillée des vieilles fringues que j’avais en arrivant ici.


● Line…


● Quelque chose de simple. Je ne cherche pas à lui présenter une version imaginaire de moi. Juste être un peu plus présentable. S’il te plaît, ma Pendounette.


● Ooh arrête avec ce surnom. C’est compris. Maintenant, va dormir, on se reparle demain. Bisous et n’oublie pas d’éteindre ton téléphone !


On se dit bonne nuit et je retourne dans mon lit, pleine d’espoir et d’appréhension. De bonheur et d’incertitude.

*********


Le vendredi suivant, Eli.

Je patiente dans la voiture le temps que Kelvin gère tout ce qu’il faut à l’intérieur pour faire sortir Line. Assis sur le siège passager avant, ma jambe droite balance toute seule depuis que mon ami est venu me récupérer chez moi ce matin. Je ne tiens pas en place.


Un petit bruit me sort de mes pensées et je retire mon téléphone de ma poche. C’est un message de ma sœur aînée. Je n’ai encore rien dit de toute cette aventure à ma petite fratrie parce que je veux garder notre histoire à Line et à moi pour nous, le plus longtemps possible.


Méliane m’apporte une distraction plus que bienvenue et j’oublie mon stress pendant quelques minutes alors qu’elle me tient au courant des dernières histoires de la famille et qu’on parle un peu d’investissement.


Je suis absorbé dans la discussion quand j’entends une lourde porte se refermer. Je lève immédiatement la tête et je vois Kelvin sortir du pénitencier.


J’arrête de respirer sans même m’en rendre compte et je n’expire que quand je vois une jeune femme sortir après lui. Elle a des cheveux épais qui tiennent autour de sa tête comme une couronne, une peau couleur chocolat qui luit sous le soleil de 10h. Dans sa petite robe volante vert menthe et ses sandales blanches, on dirait qu’elle hésite à avancer.


Kelvin lui parle quelques secondes et je remarque qu’il tient un petit sac dans les mains. Sûrement les affaires de Line, puisqu’elle ne tient que son téléphone dans la main gauche.


Je reste dans la voiture à les regarder jusqu’à ce que Kelvin pointe un doigt vers moi et me sorte de ma torpeur. Alors je saute presque hors du véhicule et m’approche d’eux.


Les yeux de Line verrouillent les miens dès que nos regards se croisent et je lis de l’appréhension dans son regard. Pourquoi ?


Puis elle avance et le soleil illumine directement son visage. Là, je comprends. Je comprends pourquoi elle me disait que je devrais la voir avant de l’aimer, pourquoi elle n’aimait pas que je l’appelle « ma belle » et pourquoi elle semblait si hésitante à l’idée que l’on se voie.


Je m’approche d’elle dans le silence et je pose lentement mon doigt sur la cicatrice qui part de son arcade sourcilière à son menton, du côté gauche de son visage. Je laisse mon index glisser dessus doucement et puis je vois l’ensemble de ses traits.


Son nez un peu épaté, ses lèvres pulpeuses, ses grands yeux marron et son grand front. Elle est belle. Défigurée, oui. Loin de ressembler aux femmes que j’ai fréquentées par le passé, certainement. Mais je la trouve belle. C’est peut-être l’amour, peut-être l’euphorie du moment… mais là tout de suite, je la trouve parfaite.


Je la prends dans mes bras et plonge mon visage dans son cou en lui chuchotant que je suis heureux de la voir enfin. Ses bras se referment autour de moi et nous restons ainsi, tous les deux, enlacés devant l’endroit affreux qui vient de la libérer de ses entrailles.


Ce n’est qu’en la relâchant un long moment plus tard que je me rends compte que Kelvin n’est plus là. Je me retourne pour voir qu’il est dans la voiture, concentré sur son téléphone.

Puis je reviens à la femme dans mes bras :


● Alors ? me demande t-elle.


● Alors ?


● Pas déçu ?


● À cause de ça ?


Je lui pose la question en passant le doigt sur sa balafre.

Elle hoche la tête en fermant les yeux et je lui réponds :


● J’aurais aimé voir ton visage sans cette marque, mais cette balafre me dit que j’avais aussi raison sur toi, tu es une battante.


Elle sourit de toutes ses dents, pose ses mains sur mes joues et je retiens mon souffle alors qu’elle se met sur la pointe des pieds pour déposer un baiser chaste sur mon nez… puis sur mes lèvres.


Quand elle recule, nos regards s’accrochent encore une fois jusqu’à ce qu’un taxi qui passe par là nous sorte de notre rêverie. J’emmène Line à la voiture et nous nous installons tous les deux à l’arrière.


● Genre, je suis votre chauffeur quoi ?


● Ah gars, pardon, conduis ! Je ne peux pas encore lâcher la main de cette femme, je viens juste de la retrouver.


● Hum, les célibataires auront toujours tort !


On rigole tous les trois et Kelvin démarre. Pendant le trajet pour aller chez Nathalie, Line et moi parlons un peu. On prend des nouvelles l’un de l’autre puisqu’on ne s’est pas parlé depuis le mercredi soir et j’en profite pour lui dire tout ce que j’ai prévu pour nous ce week-end.


On arrive chez sa meilleure amie à Attoban une trentaine de minutes plus tard. Dès que Kelvin coupe le moteur, je vois une petite créature toute jaune avec une touffe pareille à celle de Line émerger d’une maison.


La jeune femme me lâche la main et saute hors du véhicule comme moi quelques minutes plus tôt. Elle court en direction de celle que je devine être sa fille et je descends de la voiture pour assister à ces retrouvailles.


J’entends des pleurs et des rires… je les vois s’embrasser et se toucher, se palper, comme pour se convaincre qu’elles ne rêvent pas.


Je suis adossé à ma portière, près de Kelvin qui est toujours au volant quand une jeune femme sort de la même maison que la petite fille en courant. Son cri de joie est tellement perçant que je me retiens à peine de me boucher les oreilles. Nathalie, je présume.


Juste devant nous, les trois « femmes » sont totalement plongées dans leurs effusions et pendant quelques instants, l’amour palpable entre Line et sa fille me fait penser à ma mère…


● Gars !


Kelvin me sort de mes pensées.


● Ouais, on dit quoi ?


● C’est un… un tatouage que la meilleure amie de Line a autour du poignet ?


J’ai l’impression qu’on me verse de la glace sur le corps à l’instant où Kelvin me pose cette question. Je regarde attentivement Nathalie et je lui confirme que oui, c’est bien un tatouage.


● C’est quoi son nom de famille ?


● Ekra, je réponds machinalement, sans lui demander la raison de sa question.


Je continue à regarder dans le vide en essayant de calmer mes pensées et à côté de moi, mon ami tapote sur l’écran de son téléphone avant de me montrer une photo.


Une photo de Nathalie, sur son compte Instagram, où on voit clairement un lasso tatoué sur son poignet droit.





VIII - Le pot aux roses


*Eli*



Ça fait presque une heure que nous sommes arrivés. Kelvin est retourné au bureau et je lui ai demandé de passer les clés de ma voiture à mon mécanicien pour qu’il me l’apporte ici. J’ai décidé de rester avec Line et d’aborder le sujet troublant qui me tient à la gorge dès que j’en aurai l’occasion.


Pour le moment, les deux jeunes femmes tapent la causette pendant que j’essaie de me concentrer pour lire quelques mails. Mes yeux virevoltent sur l’écran de mon smartphone, mais mes oreilles et mon esprit décortiquent ce qui se passe autour de moi : la fille de Line, avec sa peau couleur café au lait, ses yeux marron clair et ses cheveux bouclés… Nathalie, avec son lasso au poignet, qui parle à son amie avec le naturel le plus intrigant ; on lui donnerait vraiment le bon Dieu sans confession.


C’est vrai qu’à cause de mon métier, j’ai pris l’habitude d’accorder le bénéfice du doute à tout le monde, mais là… là c’est gros, quand même.


Je suis perdu dans mes pensées quand mon téléphone sonne. J’ai à peine le temps de lire le nom de l’appelant que ce dernier raccroche. En 2021 et avec tous les forfaits à bas prix qui existent, je n’arrive pas à croire que certaines personnes bipent encore !


Je rappelle Lasme, mon mécanicien, qui m’annonce qu’il est à la pharmacie du quartier. Je fais signe à Line que je reviens et je sors de l’immeuble où vit Nathalie en indiquant notre position exacte au jeune homme. Il gare la voiture devant le portail et me remet les clés. Je lui donne un billet vert pour le remercier du service et il retourne à son garage, toutes dents dehors.


Quand je reviens dans le studio, Makeda est endormie à côté de sa mère. Mon cœur se serre un peu, car je sais que le moment est venu de parler de choses qui fâchent.


● Line ?


Je l’appelle en me rasseyant dans le canapé.


Elle se retourne vers moi, rayonnante de bonheur et j’hésite un instant à parler. Je n’ai pas envie d’assombrir cette journée unique pour elle, mais d’un autre côté, si elle a vraiment passé des années auprès d’une fausse amie, mieux vaut qu’elle le sache le plus tôt possible.


● Qu’est-ce qu’il y a ?


Elle me pose la question en fronçant les sourcils. C’est fou comme rien qu’en entendant ma voix et en l'occurrence en voyant mon visage, elle arrive à lire en moi.


● Il faut que je vous parle à toutes les deux. J’attendais le bon moment et maintenant que la petite s’est endormie…


● Dis-moi, me coupe Line.


Nathalie, assise près de son amie dans le canapé d’en face, pose son téléphone et me porte toute son attention. Sur ses traits, je ne vois aucune trace de méfiance ou de stress. J’en viens à me demander si la vérité est vraiment aussi simple que ce que Kelvin et moi pensons.


● Alors… le témoignage qui a permis de te faire sortir de prison ma chérie venait d’un monsieur qui travaille chez Apple Money. Il a avoué qu’une dame l’avait payé pour créditer ton compte de la somme qui t’a été volée puis retirer l’argent quelques heures plus tard.


● Wow… donc on m’a vraiment piégée… et je peux le prouver maintenant.


● Oui… et tu pourras porter plainte contre lui si tu le souhaites.


● Mouais… on verra bien, c’est la dernière chose à laquelle je veux penser aujourd’hui, ajoute Line en regardant sa fille.


● Je comprends. Mais il faut que je te dise… il dit que la dame qui l’a payé était complètement couverte, qu’il n’a pas vu son visage, mais qu’elle avait un tatouage… en forme de lasso autour du poignet droit.


Pendant quelques secondes, je vois Line chercher dans sa mémoire, un peu perdue. Puis une expression de choc s’inscrit sur son visage et elle se tourne brusquement vers son amie, Nathalie, qui a les yeux écarquillés de stupeur.


● Attendez, quoi ? Cette dernière crie presque. Qu'est-ce que tu insinues, Eli ? On vient de se rencontrer et tu m’accuses d’avoir piégé ma meilleure amie ? Qu’est-ce que tu sais de notre amitié, en vrai ?


● Eli, qu’est-ce que tu racontes ? renchérit Line.


● Écoutez les filles, j’essaie juste de comprendre. Et Nathalie, non je ne connais pas votre histoire à Line et toi, mais moi j’essaie juste de la protéger.


● Et moi, tu sais depuis combien d’années je la protège ?


Elle crie maintenant, un air indigné plutôt convaincant sur le visage.


● Nathalie, calme-toi s’il te plaît. S’il te plaît.


● Non, Line ! Je ne me calme pas ! J’ai tout fait pour prendre soin de toi pendant que tu étais en prison, j’ai pris soin de Makeda, pour qu’on vienne me reprocher de t’avoir fait enfermer ?


● Ma chérie, je t’en prie, lui dit Line. Assieds-toi, je n’en crois rien, moi. Je sais que tu ne me ferais jamais ça. Calme-toi, on va trouver une explication, rajoute t-elle.


Pendant quelques secondes, c’est le silence dans la pièce. Nathalie a la jambe droite qui bouge furieusement, essayant de contenir sa colère. Et je vois Line chercher une solution, les doigts fourrés dans son afro.


● L’homme en question, il a dit autre chose sur la femme ? me demande Line.


● Non… non, il n’a rien dit de plus à Kelvin.


● Appelle-le s’il te plaît. Demande son numéro à Kelvin et appelle-le.


● Je ne suis pas sûre qu’il voudra parler quand il saura ce dont il s’agit. Kelvin m’a dit qu’il semblait à deux doigts de se jeter du haut d’une falaise après qu’ils se soient parlé.


● Appelle quand même. Et dis-lui que s’il accepte de nous parler cinq minutes, je ne porterai pas plainte contre lui.


● Line… tu ne peux pas faire ça, il faut que ce gars paie !


● Ce n’est pas plus important que de sauver mon amitié avec Nathalie, Eli. S’il te plaît, appelle-le.


Ce que je fais. Je demande le numéro à mon pote et je lance l’appel. Comme je m’y attendais, une fois que je me présente, le bon monsieur m’annonce qu’il ne veut pas me parler… alors je lui présente le deal et il reste en ligne :


● Monsieur, c’est Line Dagré, la femme que vous avez aidé à piéger.


● …


● Écoutez, je veux juste savoir deux choses. La dame qui vous a payé, vous sauriez dire à peu près sa taille et son teint ?


● Euh… bon les deux fois où je l’ai vue, elle avait des talons super hauts, mais elle ne dépassait pas le mètre 75 hein.


J’entends Nathalie et Line soupirer… et mon cœur à moi aussi se relâche un peu parce que la meilleure amie de la femme que j’aime est une vraie géante. Elle doit faire au moins un mètre 80 et je la vois sans talons aujourd’hui.


● Pour son teint ?


● Clair. Très clair même si je me fie à ses mains.


« Comme Nathalie », je me dis immédiatement au moment où le pied droit de cette dernière se remet à trembler.


● Monsieur, vous vous souviendriez encore de sa voix ? Juste pour être sûrs…


● Oh que oui ! J’ai oublié de le dire à votre collègue, mais elle avait une voix plutôt spéciale pour une femme, très grave.


Line fait signe à Nathalie de parler et celle-ci demande de sa voix fluette :


● Est-ce que sa voix ressemblait à la mienne ?


● Non… non, comme je le disais, elle avait vraiment une voix grave, comme un homme quoi.


● D’accord. Merci Monsieur, répond Line.


● Alors… c’est bon ? Vous n’allez pas porter plainte ? demande t-il.


● Non… non, j’ai envie d’en finir avec cette histoire le plus vite possible.


● Merci madame et je vous demande vraiment pardon.


● Hum


● Pardon, pardon. Au revoir.


Il raccroche sans demander son reste et l’air se fait plus léger dans la pièce. Notre suspecte est finalement bien différente de Nathalie avec sa petite taille et son timbre de voix… Je regarde donc la jeune femme et la vois froncer les sourcils. Puis elle attrape son téléphone et se met à pianoter dessus à vive allure.


● Qu’est-ce qu’il y a ?


Absorbée par sa recherche frénétique, elle ne semble pas avoir entendue Line et continue à fouiller jusqu’à ce que dans un cri, elle laisse tomber son téléphone qui atterrit sur le tapis du salon.


● Ahi Nathalie ! dit Line en ramassant le téléphone.


Je me lève pour venir vers elle et découvrir ce qui se passe.


Sur l’écran, je vois une photo qui date de quelques semaines sur un compte Instagram. Une jeune femme y apparaît, très claire de peau, assez jolie, qui pose avec un verre de vin à la main.


Et sur son poignet droit, un tatouage qui est en train de s’effacer… mais qui est assez frais pour qu’on voie encore le motif qu’il y avait : un lasso.


Line et moi nous nous regardons en silence avant que Nathalie ne demande à sa meilleure amie :


● Tu te souviens de ce que je t’ai dit quand j’ai rencontré Alyssa pour la première fois, Line ?


● Hum… tu m’as dit « la fille-ci a la voix d’un camionneur » et on en a ri. La phrase repassait dans ma tête chaque fois qu’elle parlait au boulot.


● Ouais, les gens sont mauvais ! ajoute Nathalie.


● Mais comment tu as su ? lui demande Line.


● J’ai tiqué au teint clair et à la voix d’homme… et tu sais que, à peine une semaine après ton emprisonnement, Alyssa a démissionné ? Elle a ouvert un petit salon tout équipé au marché et elle a déménagé ! C’est sur son compte Insta que j’ai vu tout ça.


● Merde… c’était si proche.


● Euh… quelqu’un m’explique ?


J’interromps les deux femmes complètement perdu dans leur conversation.


● Alyssa, me dit Line, était mon assistante à l’institut. Elle y travaillait avant mon arrivée, mais Madame Amélia m’a confié les rênes à moi au lieu d’elle.


Elle cherche dans ses souvenirs pendant que moi j’assemble les morceaux du puzzle dans ma tête…


● Et maintenant que j’y pense, ajoute Line, je suis plusieurs fois venue la trouver à l’institut, le nez dans mon téléphone, mais elle me disait qu’elle jouait à des jeux et je n’ai pas cherché plus loin… elle m’a bien eue ! J’espère que cet argent lui a bien servi à cette connasse !


● Si seulement ! Renchérit Nathalie. Son coin a fermé même pas 3 mois après parce qu’elle dilapidait tout l’argent qu’elle gagnait, de ce qu’on m’a dit. Et quelques semaines après, son propriétaire l’a vidée. J’ai entendu dire qu’elle est retournée vivre avec sa mère.


● Merde ! Ah l’argent mal acquis ! dit Line, un sourire dépité dans la voix.


● Wow… je ne peux que dire en serrant la main de Line dans la mienne. Nathalie, je suis heureux qu’on ait pu trouver la vraie coupable… J’espère que tu ne m’en veux pas, mais vraiment tous les indices pointaient vers toi.


● Je sais… c’est juste que ça m’a énervée et je ne sais pas contrôler ma colère… mais cette fille est une vipère ! Donc elle est allée faire un tatouage temporaire similaire au mien, comme ça au cas où le monsieur la décrirait, on penserait tout de suite à moi ? Non, mais ! Elle aurait dû faire de la stratégie ou quelque chose du genre ! Mais comme Dieu ne fait pas tout !


Les deux femmes se lancent dans une discussion animée qui dure une bonne vingtaine de minutes et je les laisse faire. De mon côté, je fais le compte-rendu à Kelvin par WhatsApp. Puis quelque part dans la conversation, j’entends Line dire à une Nathalie fâchée, qu’elle ne sait pas si elle portera plainte contre la fameuse Alyssa.


Puis, quand la tension dans la pièce baisse, je fais signe à Line qu’on doit partir.



● Déjà ? Fait Nathalie. Tu ne restes pas dormir ici ?


● J’aurais bien voulu, mais Eli nous a planifié un week-end de retrouvailles.


● Oh donc vous allez avec la petite ? Elle ne va pas vous fatiguer ?


● Non… en plus, je n’ai pas le cœur de la laisser ici, elle m’a trop manqué.


● Mais elle est là, elle va où ? Elle est en congé, oh. Allez profiter de votre temps ensemble, dit Nathalie en faisant un clin d’œil à son amie.


● Nath ! Je me sentirai trop coupable.


● Bon, dis-je pour trancher la question, me rendant compte que j’aurais dû prévoir que Line voudrait passer du temps avec sa fille.


J’avais tellement hâte de l’avoir pour moi que j’en avais oublié le plus important.

● Line, on peut y aller une autre fois, ma puce. Pour le moment, passe du temps avec Makeda et demain je vous emmène toutes les trois pour le petit-déjeuner. C’est mieux ?


● Infiniment mieux, me répond-elle avec un grand sourire avant de venir m’enlacer.


Puis elle m’accompagne jusqu’à ma voiture après que j’ai dit au revoir à Nathalie.


● On se voit demain alors, fais-je en mettant ma ceinture de sécurité.


● Oui… me répond-elle. Puis avec le même sourire que tout à l’heure, elle se baisse lentement et pose un baiser mouillé sur mes lèvres.


Nos regards s’accrochent encore puis elle se redresse et repart dans la maison sans un mot.


Je reste là à regarder bêtement devant moi, comme si c’était le premier baiser que je recevais. Comme un adolescent en transe devant son premier amour…


« Premier amour » … les mots tournoient dans ma tête, inscrivent un sourire sur mes lèvres et je démarre pour m’en aller, heureux de ce qu’ils inscrivent en moi.




IX - La confrontation


*Deux semaines plus tard, Eli*


Je conduis en silence depuis une vingtaine de minutes, Line à mes côtés. Dans l’habitacle, seule la voix du GPS se fait entendre de temps en temps alors que la jeune femme assise près de moi est plongée dans ses pensées…


L’horloge de la radio affiche 09h10 quand je gare enfin devant la pharmacie que mon contact m’a indiquée.


Ça va ?


Je demande à Line alors qu’elle enlève sa ceinture de sécurité.



Ça va… je me demande juste ce que je vais lui dire, ce que je vais faire… et je n’ai toujours aucune réponse.


● Tu n’as pas besoin de tout préparer à l’avance, ma chérie. C’est une situation inattendue, personne ne s’attend à ce que tu saches exactement comment réagir.


Elle hoche la tête pour me dire oui et descend en silence de la voiture. Je fais pareil après avoir attrapé mon portefeuille, mes téléphones et mes clés. Sur l’écran de mon iPhone, je lis le reste des instructions laissées et Line me suit à travers les rues d’Abobo.


Elle a l’air parfaitement à l’aise alors que je me sens un peu hors de ma zone de confort dans cet environnement si nouveau. Ici, tout semble être sens dessus dessous, les rues sont sales, les gens bruyants et les édifices vieux et croulants. Je ne me sens pas du tout en sécurité.


J’essaie quand même, pour ne pas nous faire remarquer, de me comporter le plus naturellement possible en guidant Line. Nous empruntons bien vite une ruelle un peu sombre malgré la lumière du jour et nous débouchons quelques mètres plus tard sur un couloir avec plusieurs vieilles portes de couleur bleue.


“La troisième porte à droite”, dit le message que j’ai reçu hier après-midi. Ce que je répète à Line, qui me suit toujours en silence. Une fois devant ladite maison, je me décale pour la laisser s’avancer et frapper.


Elle donne 3 coups secs puis patiente cinq secondes avant de recommencer. Encore cinq secondes plus tard, personne ne vient nous ouvrir et on commence à se demander si tout le monde n’est pas sorti en dépit du fait que nous soyons un dimanche matin.


● On va peut-être devoir rev…


Line n’a pas le temps de finir sa phrase que la porte s’ouvre brusquement devant nous. Une dame d’environ 50 ans, métisse et vêtue d’un ensemble en pagne, nous fait face. Elle a un sourire affable sur le visage, ce qui nous fait oublier un instant sa tête dégarnie.


● Oui ? Nous interroge t-elle, scrutant nos visages l’un après l’autre.


● Bonjour maman. Je m’appelle Line, voilà mon ami, Eli. On est venus voir Alyssa s’il te plaît.


● Ah bonjour les enfants. Cette fainéante-là, elle dort encore, hein. Je l’ai laissée ici pour aller faire la messe, elle devait me trouver là-bas, mais je viens d’arriver et elle est encore couchée. Comme d’habitude !


Pendant qu’elle parle, elle disparaît dans le salon et je vois Line triturer une de ses bagues, nerveuse. Je me rapproche d’elle et je lui prends la main. Je pose un baiser au dos de celle-ci avant de la placer sur ma poitrine.


● Ça va aller ! lui dis-je et elle me sourit avant de hocher la tête.


À l’arrière du salon, la mère d’Alyssa ouvre une petite porte en contreplaqué qui semble avoir été mise là pour diviser le petit studio et en faire un deux-pièces. Elle passe de l’autre côté et on l’entend crier :


● Alyssa ! Alyssa, réveille-toi ! Fainéante ! Depuis je t’ai laissée ici, tu dors encore ! Lève-toi, il y a des visiteurs pour toi !


Elle ressort quelques instants plus tard et s’approche de nous, surprise de nous voir encore dehors.


● Mais rentrez les enfants, ne restez pas dehors !


● Non ça va maman, on va aller faire un tour dans le quartier avec elle de toute façon, je réponds.


Quelques secondes plus tard, la fameuse Alyssa sort de la chambre, une robe légère à volants sur le dos, les cheveux rassemblés dans un foulard à la va-vite.


Elle frotte ses yeux et je l’observe à loisir avant qu’elle ne nous voie. Son teint et sa forme semblable à ceux de Nathalie, sa petite taille et son cou strié…


Je finis à peine mon inspection quand elle pose les yeux sur Line, une expression de choc s’inscrit alors sur son visage. Elle s’arrête brusquement et regarde autour d’elle, comme si elle s’attendait à ce que quelqu'un surgisse dans la pièce.


● Mais ce n’est pas toi qu’on attend ? lui crie sa mère, derrière la porte de la chambre.


Elle sort alors de sa stupeur et s’avance vers nous, tordant ses doigts dans tous les sens. Puis en vérifiant que sa mère ne la suit pas, elle accélère pour nous rejoindre et referme la porte de la maison derrière elle en disant :


● Line…


● Alyssa… cette dernière répond.


● Tu… tu es sortie… tu es sortie de là-bas ?


● Là-bas ? Dis les choses clairement, Alyssa. Je suis sortie de prison. De prison. Où je suis allée par ta faute !


Line crie presque, en attrapant brusquement le poignet droit d’Alyssa. Elle tourne la paume de la jeune femme vers le haut et nos regards tombent tous les deux sur les restes d’un lasso noir niché là.


Line secoue la tête, dépitée, avant de relâcher la main de la jeune femme.


● Line… Line s’il te plaît…


● S’il me plaît ? S’il me plaît, quoi, Alyssa ?


● Laisse-moi t’expliquer.


● M’expliquer ? Tu veux m’expliquer quoi ? Pourquoi tu m’as tendu un piège, pourquoi tu m’as fait enfermer pendant 5 longs mois derrière les barreaux ? Ah non, Alyssa. Tu vas expliquer ça à la police !


● Eeeeh… Alyssa crie presque en se jetant par terre.


À genoux, elle agrippe les pieds de Line et se met à sangloter bruyamment. On a à peine le temps de réagir que la porte s’ouvre encore une fois sur sa maman, qui regarde la scène, étonnée. Puis son expression devient dure et elle regarde sa fille à terre, avec dédain avant de demander :


● Qu’est-ce qu’elle a encore fait ?


Aucun de nous ne répond et la jeune femme continue de pleurer aux pieds de Line. En silence, sa maman nous invite à l’intérieur, nous fait asseoir et ordonne à Alyssa de rester à genoux devant nous pendant que nous lui expliquons le problème.

********


Une heure plus tard.


Nous ressortons de chez les Niamey, le cœur un peu plus léger. Je sais que c’est le cas de Line puisque les plis sur son front ont disparu et qu’elle a arrêté de triturer la bague à son majeur droit.


Nous marchons tranquillement, ma main droite tenant sa main gauche, chacun ressassant ce qui vient juste de se passer. Quand nous arrivons à la voiture, je lui demande encore, pendant que nous mettons nos ceintures de sécurité :


Ça va ?


Ça va, me répond-elle avec le sourire.


● Tu es sûre que tu ne veux pas porter plainte ?


● Après que sa mère se soit mise à genoux pour me demander pardon ? Pas du tout ! Je ne pourrais pas faire ça… surtout que…


Elle soupire bruyamment avant de reprendre ma main et de continuer :


● Je me dis que si je lui pardonne, ou en tout cas si je ne l’envoie pas en prison, peut-être que mon crime à moi, me sera pardonné.


● Ton crime ?


● Ouais… je… il y a environ dix ans, après que ma tutrice m'a chassée de chez elle parce que son petit-ami de l’époque me faisait la cour, j’ai dû… disons que je me suis retrouvée à aider des brouteurs pour me faire de l’argent et pouvoir payer mes études.


● Line…


● Je sais, je n’en suis pas du tout fière. Mais à l’époque, je n’avais rien à manger, je n’avais pas de toit et surtout je n’avais personne pour m’encadrer, pour me donner des conseils… Alors j’ai accepté que des jeunes du quartier utilisent mes photos pour arnaquer un français d’une quarantaine d’années…


● Et qu’est-ce qu’il demandait en retour ?


Elle hausse les épaules avant de me répondre :


● Il devait m’envoyer de l’argent pour me prendre une maison, l’aménager… et en retour, je le retrouverais en France pour un été… juste tous les deux.


● Wow !


● N’est-ce pas ! Une histoire dont je ne suis pas fière et je sais que si la police et la loi avaient été aussi efficaces qu’elles le devraient, je me serais probablement retrouvée en prison. Alors oui, je laisse tomber pour Alyssa. De toutes les façons, l’envoyer en prison ne changerait rien pour moi. Les personnes importantes savent que je suis innocente et c’est tout ce qui m’importe.


Elle sourit en me regardant et je lui souris en retour. Son histoire est déroutante et je ne m’y attendais pas du tout venant de sa part, mais ça ne ternit en rien ce que je ressens pour elle et ce que je vois quand je la regarde.


De plus, ça fait des années que j’ai dû accepter l’une des plus belles vérités de la vie : poser de mauvaises actions ne fait pas nécessairement de nous de mauvaises personnes.


Nous reprenons la route de la maison et je vois du coin de l'œil Line fouiller dans son sac et sortir l’enveloppe que la mère d’Alyssa lui a remise.


Après nous avoir demandé à genoux de ne pas appeler la police, Madame Niamey a filé dans la chambre et en est ressortie avec une enveloppe kaki qu’elle a remise à Line.


En la voyant faire, Alyssa a voulu protester :


● Mam… a-t-elle commencé.


● Tu la fermes ! lui crie sa mère. Tu la fermes si tu ne veux pas que je te dépose moi-même au poste de police…


Sur ce, la jeune fille s’est tue et sa mère a repris à l’endroit de Line :


● Ma fille, prends ceci. Son oncle m’a envoyé cet argent pour l’aider à ouvrir un nouveau salon. Je ne savais pas qu’elle se baladait dans la ville pour monter de grandes arnaques et faire jeter d’honnêtes gens en prison. Si elle peut faire tout ça, elle peut se bouger les fesses et trouver de l’argent par elle-même.


● Maman… dit Line d’une petite voix, ce n’est pas la peine. Je ne suis pas venue pour l’argent… J’avais juste tellement de colère en moi…


● Et c’est normal ! C’est normal ! C’est aussi normal qu’on te dédommage pour ce que tu as vécu et je doute que la justice ivoirienne pense à faire ce genre de choses. Alors prends l’argent. Le temps de trouver un travail, tu pourras t’occuper de ta fille et de toi-même.


● Maman… c’est gentil, mais on n’en a pas besoin, je m’occupe d’elles, je lui dis.


● Mon fils, je sais que vous n’en avez pas besoin. Je vous le donne parce qu’elle, dit-elle en pointant du doigt sa fille, elle ne le mérite pas. Si vous voulez, donnez-le en offrande à l’église, mais je ne garde pas cet argent pour Alyssa.


Le silence s’est fait dans la pièce un instant et puis Line a ouvert l’enveloppe et retiré la moitié des liasses, sans compter la somme. Elle a tendu les billets vers la mère d’Alyssa qui les a pris.


● Si cet argent est à moi alors je vous en donne la moitié et vous n’avez pas le droit de dire non.


Madame Niamey a souri, touchée, et nous a bénis avant de nous demander encore pardon et de nous accorder la route pour que nous rentrions chez nous.


De retour à la réalité, je demande à Line, qui a fini de compter les billets :


● Alors ?


● Il y a environ 215 000 F…


● Ah quand même


● Ouais… je ne sais pas si j’ai bien fait de le prendre, mais cet argent m’aidera sûrement à patienter le temps de trouver un boulot.


● Je peux t’aider à en trouver un, tu sais. Tu as un BTS en communication et ressources humaines, c’est bien ça ? Tu pourrais travailler avec nous, au cabinet.


● Hein ? Tu deviens fou, Eli. Une ancienne taularde va travailler dans un cabinet d’avocats ? Si vos clients en ont vent, ce ne sera pas bon pour les affaires.


● Peut-être… mais qui leur dirait ?


● Non, Eli. Tu prends déjà assez de risques pour moi, on ne va pas encore tenter le diable.


● Bon… je peux au moins demander à la radio s’il y a un poste vacant ?


● Je ne préfère pas. Je vais trouver de moi-même, ne t’inquiète pas.


● Line… pourquoi tu fais ça ?


● Faire quoi ?


Mes mains se resserrent autour du volant jusqu’à m’en faire mal. Une petite colère commence à sourdre en moi alors même que je ne pensais pas être aussi touché par son attitude.


● Tu refuses que je t’aide en quoi que ce soit !


● Quoi ?


● C’est la vérité !


● Mais non, enfin ! Qui m’a aidée à sortir de prison ?


● C’est différent, tu n’avais pas vraiment le choix et même dans ces circonstances-là, j’ai dû insister !


● Eli…


● Je t’ai remis une enveloppe quand je suis revenu te chercher chez Nathalie le lendemain de ta sortie de prison… qu’est-ce que tu m’as répondu ?


● …


● Que tu n’en avais pas besoin, que ça allait ! J’ai insisté, mais tu as quand même laissé l’argent dans la boîte à gants. Je ne l’ai trouvé que 3 jours après. Mais là… là, tu acceptes l’argent de cette dame ?


● Ce n’est pas pareil, Eli.


● Ah ouais ?


● …


● Maintenant tu refuses aussi que je t’aide à trouver un boulot… merde, j’ai même dû insister pour t’accompagner voir Alyssa aujourd’hui !


● …


● On dirait que tu ne veux rien de moi !


● C’est faux… tu sais que c’est faux, Eli.


Elle me dit ces mots alors que je gare devant chez Nathalie. Quand je coupe le moteur, elle détache sa ceinture et me regarde en silence, pendant un long moment.


Brusquement, elle se hisse au-dessus de la boîte à vitesses et vient s’asseoir sur moi, ses cuisses encadrant les miennes. Elle pose son front sur le mien et aucun de nous ne dit un mot pendant les secondes qui suivent.


Je ferme les yeux, savourant l’effet de son souffle chaud sur mes lèvres, laissant mon cœur se calmer.


● Je ne veux pas rien de toi, Eli. Je veux ton amour, ton respect, tes blagues pourries, ton soutien, tes câlins, tes baisers… je ne veux pas rien de toi… je suis désolée.


Ses mots balaient le gros de ma colère et mes bras se referment autour d’elle. Je la serre tout contre moi, son corps épousant le mien et sa tête nichée dans mon cou.

“Je ne veux pas rien de toi”, elle me dit... mais j’aimerais tellement lui donner plus… j’aimerais tellement lui donner tout…



Je sais, j'ai abusé de la pause... l'histoire est terminée dans mon ordi en vrai mais je me doutais qu'elle plaisait vraiment alors j'ai arrêté de la poster mais bon, faut bien respecter ses engagements !


En tout cas, n'hésite pas à la partager, à la commenter ou juste à laisser un like, ça m'encouragerait beaucoup.


Merci et RDV dans le prochain post pour 3 nouveaux chapitres !


La bise,

Sakina.

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